Pédale! ou la (re)naissance d’un certain journalisme cycliste sur papier

Posté le 18/07/2014 à 7 h 49 min par dans Coups de coeur

Le Tour de France voit depuis 4 ans arriver avec lui un tout grand magazine, Pédale! Hors série du magazine So Foot, Pédale! traite l’actualité cycliste avec beaucoup de profondeur, de recul mais également avec une notre d’humour agréable. Face au grand nombre des titres cyclistes, plutôt orientés « actu chaude », « présentations de courses » ou « matos », assez souvent sans saveur, Pédale! prend le parti de raconter le vélo, ce que peu de médias font encore. On évoque souvent le côté épique de la course cycliste, des grandes courses d’antan mais sans jamais imaginer que de nos jours, ça puisse être encore le cas, le tout étant de s’en rendre compte, ce que fait à merveille Pédale!

Je me souviens d’avoir découvert le magazine il y a 2 ans et d’y avoir retrouvé tout ce que j’avais envie de lire sur le vélo, y voyant un même un équivalent qualitatif à ce que je pouvais lire dans les bonnes feuilles de certains pure players de qualité comme velochrono. On y sent la passion des auteurs pour le sport, leur compassion à la douleur des coureurs qu’ils interviews ou racontent et leur réalisme plein de détachement sur les histoires de dopage par exemple. Cela fait beaucoup de bien aux fans et au sport d’être raconté ainsi. Les auteurs semblent être les fils spirituels de Le Touzet dans leur façon de vivre ce qu’ils racontent, ne délaissant aucunement de surcroît un style littéraire des plus sympathiques.

Le magazine est un bel objet, sobre et travaillé, à la typographie vintage, imprimé sur un papier épais de qualité, au traitement mat et à la qualité de touché très agréable. Les photos sont magnifiques, légendées avec humour et justesse. On est proche dans le traitement de ce qu’on appelle les mooks, entre le livre et le magazine. La taille généreuse du magazine, 100 pages est renforcée par le faible nombre de pages de publicités à l’intérieur, ce qui est rare dans les magazines spécialisés, certains magazines de vélo affichant presque une page de pub pour une page de contenu quand celui-ci n’est pas un publi-rédactionnel en plus

.

En ce qui concerne le contenu, au fil des pages, on ne s’appitoie pas sur les basses vérités d’un temps pas si lointain du vélo mais on essaye d’y voir l’avenir, la sociologie et l’humain derrière le cirque médiatique que nous offrent les télévisions, ne relatant bien souvent que les résultats, éclipsant totalement les détails croustillants et pleins de sens faisant la beauté du cyclisme. On peut de temps en temps retrouver ce type d’articles mais en plus court et trop rarement, dans l’Equipe, au sein des grands formats du journal, lors des grandes courses par étape ou quand le foot ne prend pas la majorité des pages.

Cette année, le dossier principal est centré sur Lance Armstrong. Non pas sur la carrière, ni sur les affaires déjà longuement évoquées ailleurs. Non il est ici question de l’homme. Le reportage s’intéresse à la jeunesse du coureur et à son ascension, décrivant ainsi ce qui l’a amené à devenir le tyran mythomane et calculateur qu’on connaît désormais, racontant également à quel point il était doué mais mettant aussi en avant les failles et le caractère détestable du « Boss ».

On trouve également dans ce numéro une belle interview de Marc Madiot, de Laurent Brochard, de Miguel Martinez ou encore de Vincenzo Nibali, s’intéressant là aussi aux origines du coureur plus qu’à ses objectifs ou performances qu’on connaît et peut suivre autrement.


Bien trop rare mais certainement précieux en conséquence, Pédale! gagnerait néanmoins à paraître plus régulièrement tant le titre me semble apprécié des fans de vélo et plein d’une justesse dans son traitement bien trop rare parmi les médias, ouvrant un autre horizon que celui proposé dans les quotidiens, hebdos ou mensuels spécialisés. A quand un trimestriel ou même un mensuel pour cette pépite ? Je n’ai pas la réponse mais espère que cela arrivera rapidement.

En attendant, je vous encourage donc vivement à aller acheter ce beau numéro de Pédale! ne coûtant que 6,5€ avant qu’il ne disparaisse des kiosques jusqu’au prochain Tour de France, à moins que…

Pédale! sur le netLe Blog Pédale! sur le site de sofoot


A propos de

Tombé dans le vélo à l'adolescence, je n'ai cessé de rouler depuis en essayant de constamment suivre l'actualité du monde cycliste. Je vis le vélo comme une passion, un sport et un mode de vie, chaque coup de pédale après l'autre.

Une réaction

  1. J’aime bien Pédale! C’est toujours un moment sympathique de l’année.
    J’aime bien ce coté « La technique (matos, entrainement, etc), on s’en moque. Nous, ce qui nous intéresse, ces sont les hommes ».

    Sauf que je lui trouve 2 défauts.

    D’abord, je trouve qu’ils accentuent le coté « Rock’n’Roll » des anciens dopés.
    Il y a une certaine fascination pour les personnalités « border-line » comme Armstrong, Ricco et autres Chiappucci.
    Ils en font des stars de rock. Des types dont on sait qu’ils vont droit dans le mur, mais qu’on admire pour ce qu’ils sont : des artistes à la personnalité bien tranchée.
    Sauf qu’il s’agit de sportifs, et pas de musiciens. Désolé, mais Armstrong n’est pas Hendrix !
    Hendrix était un génie. La drogue, même si elle a pu être une source d’inspiration, ne lui a sans doute pas permis d’être meilleur.
    Armstrong était un usurpateur. Mais pas un génie. La drogue lui a simplement permis de s’enrichir sur le dos des autres.

    Deuxième gros défaut, c’est l’accumulation des petits articles rigolos à 2 balles, façon L’Equipe Magazine.
    Quand on suit LaGrosseBoucle sur Twitter, c’est drôle parce que c’est du live, et que c’est à petite dose.
    Mais sur plusieurs pages, je trouve ça un peu indigeste.

    Heureusement, à coté de ça, il y a de très bons papiers. Et d’excellentes interviews.
    Du coup, comme toi, tous les ans, j’achète 😉

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