Qu’arrive-t-il à Contador ? Analyse de la suspicion et décryptage

Posté le 30/09/2010 à 12 h 36 min par dans Analyse

Depuis ce matin, les médias parlent de la suspension à titre provisoire, par l’UCI, fédération internationale de cyclisme, de Contador après un contrôle anti-dopage non négatif sur le Tour de France 2010, épreuve qu’il a remportée.

Cette affaire est assez perturbante.

Tout d’abord car elle touche un très grand champion, Alberto Contador, triple vainqueur du Tour, vainqueur de la Vuelta, du Giro notamment.

Ensuite, parce que le produit détecté, le clenbutérol est très facilement détectable et que la quantité incriminée est infime. Le contrôle ne devrait d’ailleurs pas être considéré comme positif, chimiquement parlant. Mais alors que se passe-t-il ?

Décryptage

Le clenbutérol, qu’est-ce que c’est ?

Le clenbutérol est un produit anti-catabolisant, c’est à dire qu’il aide le corps à s’assécher et la masse musculaire à grossir, sans forcément faire d’exercice. Ce produit a également un effet broncho-dilatateur, il élargit les bronches, ce qui est très utile dans l’effort.

C’est une substance qui était auparavant utilisée sur les chevaux notamment ou pour améliorer la production de viande des animaux.

Ce produit a commencé à être utilisé dans les années 80 lorsque les stéroïdes anabolisants ont été détectés. La détection du clenbutérol s’est elle faite à partir de 1992. Plusieurs sportifs ont déjà été testés positifs à ce produit, notamment assez récemment.

Le test non négatif en question

Concernant Contador, le test dont on parle a eu lieu le 21 juillet sur le Tour de France. Maillot jaune de l’épreuve à ce moment-là, Contador était alors testé tous les jours. La substance a été retrouvée dans le test du 21 juillet et aussi dans celui du 22 en quantités très faibles, et quasi-nulle le 22.

On parle en effet de 50pg/ml, ce qui est 40 fois inférieure à la limite de détection pour parler de dopage. Au sens chimique du terme, il n’y a donc pas dopage….sauf que légalement, la présence dans le sang de ce produit atteste au yeux de l’UCI d’une pratique dopante.

C’est donc là que commence l’enquête de l’UCI et des instances mondiales anti-dopage. Y a-t-il eu dopage et tentative de masquage de ce dernier ? Est-ce une erreur ou bien même une contamination ?

Contador aurait utilisé de produit ?

L’utilisation de ce produit par Contador paraît étonnante état donnée la détection aisée du produit par les instances anti-dopage mais également le professionnalisme du garçon.

A priori, il doit faire attention à tout ce qu’il prend : compléments alimentaires, alimentation, boissons. A ce niveau-là, les coureurs n’acceptent même plus les bouteilles que leur tendent les spectateurs sur le bord de la route pour boire. A sa belle époque, Armstrong refusait même les bouteiles que récupéraient ses coéquipiers dans la foule pour s’asperger !

L’hypothèse de l’utilisation de ce produit paraît donc peu probable ou alors il s’agirait d’une grossière erreur de la part de Contador. Tant à vouloir se doper, autant le faire avec méthode et gestion des risques !

Les hypothèses possibles avancées par les spécialistes

Deux hypothèses ressortent ce soir de l’avis des meilleurs spécialistes de l’anti-dopage. La contamination et la transfusion.

La contamination

L’hypothèse de la contamination alimentaire semble celle qui remporte le plus de suffrages parmi les spécialistes. En effet, le fait qu’on n’ait détecté la substance que pendant 2 jours, en quantité très faibles et avec une baisse très forte de la concentration du produit le second jour plaide en faveur d’une ingestion du produit, puis d’une digestion et d’une élimination naturelle du produit.

Ce produit peut servir à « doper » les animaux, au sens de la production de viande. Probable donc qu’on puisse le retrouver dans la viance. Probable mais pas forcément évident d’après ce qu’on lit ce soir, ce produit étant interdit en Europe.

S’agirait-il alors d’une contamination par complément alimentaire, barres énergétiques, poudre pour les bidons  ?

La transfusion

Le laboratoire qui a détecté les traces du produit a également révélé avoir détecté des traces de di(ethylhexyl)phtalates, résidus pouvant provenir d’une poche en plastique comme celles utilisées lors des transfusions sanguines.

Cela voudrait donc dire que Contador se serait injecté une poche de son sang lors de la journée de repos, sang initialement prélevé à l’entraînement lors de la possible prise de produits dopants tels que le clenbutérol. Des traces du produit auraient alors pu subsister pendant la congélation du sang.

Mais là aussi, cette hypothèse est soumise à beaucoup de questions, la méthode utilisée pour détecter les résidus plastiques n’étant pas encore validée par les instances anti-dopage. Mais surtout si elle était validée, elle rendrait Contador coupable de dopage et le suspendrait pour une longue période.

Je suppose que des analyses supplémentaires sont en cours et qu’elles permettront de déterminer s’il y a eu transfusion ou pas, Vinokourov, entre autres, ayant été suspendu grâce à un tel test.

Contador soutenu par de nombreux collègues

Dès l’annonce de ce contrôle et alors que les championnats du monde se déroulent en ce moment en Australie, de nombreux coureurs se sont prononcés.
Une lettre anonyme a d’ailleurs été envoyée à l’UCI par un coureur du peloton pour dénoncer le traitement des coureurs et l’incohérence du système de lutte anti-dopage dans le vélo (voir lien sur l’équipe.fr plus bas)

David Millar a pris la défense de l’espagnol, Andy Schleck, dauphin du pistolero sur le Tour a dit « espérer qu’il était innoncent », tout comme Roman Kreuziger.

De son côté, Johan Bruyneel qui a travaillé qu sein de Discovery Channel puis Astana pendant 3 ans avec Contador et remporté 2 fois le Tour s’est dit certain de l’innocence de son ancien coureur.

En France, les sons de cloches sont différents, évidemment. Jean-René Bernaudeau est presque allé jusqu’à accuser cette affaire de faire capoter ses ultimes négociations avec un sponsir potentiel pour 2011. (d’ailleurs, pas de nouvelle, bonne nouvelle ?)

Et si rien n’était en fait à trouver dans ce dossier ?

Les quantités de produit repérées sont infinitésimales et bien inférieures à ce qu’on considère comme dopage comme nous l’avons vu, les résidus plastiques ont été détectées mais n’auraient pas du l’être ou ne l’ont peut-être pas été justement, la méthode n’étant pas encore homologuée. Une contamination par la nourriture n’est-elle donc pas tout simplement la cause de toute cette affaire ?

La question que je me pose ici est la suivante. Ne trouverait-on pas chez chacune et chacun d’entre nous de telles quantités des substances en question si on nous analysait ? Je ne le sais pas mais me le demande très fort.

La lutte anti-dopage n’a-t-elle pas été trop loin avec cette affaire ?

Contador est peut-être coupable, je ne le nie pas mais le pousser à se défendre de la sorte sans même être certain de la présence d’une faute n’est-il pas un signe de souci dans les instances fédérales du cyclisme ?

A force de vouloir laver plus blanc que blanc, la lutte anti-dopage ne va-t-elle pas créer comme ce cas-là des faux positifs et enterrer avec eux le vélo, bien aidée en cela par les médias et la population ?

L’UCI aurait-elle dû tirer cette affaire au clair avant d’en parler ?

Je ne sais pas ce qu’il adviendra de cette affaire ni de Contador mais toute cette histoire m’attriste vraiment.

Baser le procès de Contador et de tout le cyclisme professionnel sur des faits potentiels et des preuves peut-être incriminantes démontre une fois de plus l’incongruité de la situation et la triste santé des instances dirigeantes du vélo. L’UCI fait preuve une nouvelle fois son incompétence à gérer ce genre de problèmes en interne.

De plus, quand on sait que cette information est connue de l’UCI et du coureur depuis 2 mois et que c’est ce dernier qui a décidé d’en parler afin d’anticiper une annonce non maîtrisée, on peut se poser des questions.
Pourquoi la fédération n’a-t-elle rien dit avant ?

Un cycliste est dopé ou ne l’est pas mais laisser des laboratoires parler de suspicions et de potentialités est indigne d’une grande fédération. L’UCI devrait légiférer et trancher plutôt que de laisser les médias jeter les cyclistes à la foule affamée de scandales et décrédibiliser une nouvelle fois son sport.

Quand tout cela cessera-t-il donc ?

Sources :
Wikipedia

Lien lettre sur l’équipe.fr

A propos de

Tombé dans le vélo à l'adolescence, je n'ai cessé de rouler depuis en essayant de constamment suivre l'actualité du monde cycliste. Je vis le vélo comme une passion, un sport et un mode de vie, chaque coup de pédale après l'autre.

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