Partie 48 : Comment gâcher la fête ? (encore…)

Posté le 15/03/2008 à 21 h 52 min par dans Récit Caravane, Tour de France

L’arrivée de Gourette nous réserva une autre nouvelle passe d’arme entre les premiers du classement général. La victoire revint à Rasmussen porteur du maillot jaune. Mais les médias relevèrent justement que son arrivée avait été accueillie sous quelques sifflets, ce qui n’est pas très sportif.
Certes, ce garçon ne plaisait pas au public car il était ultra dominateur et ne laissait rien aux autres mais il n’était pas antisportif comme Armstrong avait été accusé, peut-être à raison de l’être, en noyautant la course.

L’équipe de Rasmussen, bien que prenant les devants dans la plaine et le début des acensions laissait rapidement la course aux autres coureurs. Mais le public ne l’aimait pas. Trop froid sûrement. Trop inhumain, autant dans sa personnalité que dans ses performances. Comparé à un Contador ou un Evans qui souffraient et étaient comme gracieux et légers dans l’effort, Rasmussen avait toujours cette attitude de souffrance et de dépassement de soi un peu suspecte.
Peut-être est-ce pour cela qu’à son arrivée triomphale après avoir distancé Leipheimer et Contador dans le dernier kilomètre, il se vit sifflé par certains membres du public ? Je ne le sais pas mais quoi qu’il en soit, je déplore ce genre de comportements que je juge vraiment irrespectueux.

De retour à l’hôtel à Tarbes après la dernière étape de montagne du Tour, une mauvaise nouvelle fut annoncée à la télévision. « Moreni, coureur de Cofidis contrôlé positif à la Testostérone, l’équipe Cofidis décide de se retirer du Tour ». Je revois encore cette interview de Chavanel à l’arrivée de l’étape, un journaliste lui apprenant qu’un coureur avait été contrôlé positif. Le coureur répondit « Allez, encore un… Bravo, c’est la fête ! » Et là-dessus, le journaliste lui répondit : « Si je vous dis que c’est dans votre équipe ? » Le visage du coureur se figea, il prit le masque et il s’éloigna sans rien dire. Il savait que son Tour venait surement de s’arrêter par la faute d’un de ses coéquipiers.

Cette info courrait depuis quelques jours dans la caravane et tout autour, on entendait des rumeurs disant qu’un coureur aurait été pris positif. On ne savait pas qui, ni à quoi mais la rumeur se propageait… Le soir, cela tomba comme un couperet. Quand j’ai vu ça à la télévision, qu’habituellement je n’allumais jamais en arrivant à l’hôtel, je suis tout de suite sorti annoncer la nouvelle aux autres membres de la caravane. Nous étions tous abasourdis. Encore un ! Chez Cofidis qui semblait être une équipe faisant tout pour éviter cela, ce qui est effectivement le cas, nous avons pu le constater depuis.

Nous avions aussi peur que le Tour s’arrête. Après le scandale de 1998, qui sait ce qui aurait pu se passer. Un sponsor aurait claqué la porte, puis un autre, puis encore un…
La caravane Cofidis a arrêté le soir même aussi après l’exclusion de l’équipe. Dur coup pour les caravaniers qui ne s’attendaient pas à ça et qui payaient eux aussi, comme les coureurs propres de Cofidis le prix fort pour une erreur qu’ils n’avaient pas commise.

La soirée se passa, cela mis de côté, relativement bien. Nous avons mangé dans un restaurant créole. C’était dépaysant. Cela changeait des habituels repas du soir. Nous avions déjà mangé là les années précédentes et le menu était sensiblement le même d’après mes souvenirs. Nous avons pu manger des acras de morue, du poulet à la sauce jaune fluo au curry et du riz basmati entre autres. Ensuite, sur le côté, ceux qui le désiraient pouvaient aller danser, il y avait une salle attenante au bar réservée à cet effet. Me concernant, je n’ai pas fait long feu et suis allé me coucher assez rapidement.
La nuit réservait un nouveau mauvais tour au Tour mais nous n’allions le découvrir que le lendemain.

En effet, le lendemain matin sur le parking avant de partir, on m’annonça la nouvelle de l’exclusion de Rasmussen, alors maillot jaune incontesté, pas trop sur l’attitude ou la blancheur mais au niveau du classement général ! J’étais consterné. Après les quelques sifflets de la veille à l’arrivée de Gourette, le voilà qui était hors course. Quelle triste image du sport !

A propos de

Tombé dans le vélo à l'adolescence, je n'ai cessé de rouler depuis en essayant de constamment suivre l'actualité du monde cycliste. Je vis le vélo comme une passion, un sport et un mode de vie, chaque coup de pédale après l'autre.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.